J’aimerais, si vous me le permettez, vous racontez une histoire concernant quelqu’un. Cette histoire est sans doute connue par ici. Mais qu’en est-il de la vérité ?
La vérité, une chose si fragile et si mince, chacun a la sienne.

Mais revenons à ce quelqu’un, d’accord ?

Il était dit qu’elle n’était pas une personne à qui s’adresser. On prétendait qu’elle était folle, que ses paroles étaient du poison pour celui qui les écoutait. Chaque fois qu’elle allait en ville, les gens la dévisageaient. Marmonnant pendant qu’elle passait. Utilisant des injures pour parler d’elle. Mais pourquoi lui en voulaient-ils autant ? Était-ce parce que personne ne pouvait résister à ses charmes ? Sa voix pleine de sages paroles, aussi jeune qu’un nouveau souffle, même si elle était âgée.
La plupart des gens autour d’elle étaient morts, même si elle aurait préféré qu’ils ne le soient pas. La rendant encore plus isolée. Comme elle n’avait personne à qui parler. Il y avait des moments dans sa solitude, où elle souhaitait avoir une personne à appeler, une personne qui pouvait lui rendre visite.

Elle avait pour habitude d’aller souvent au théâtre, au cinéma. Remonter la rue et regarder de deux à six films le même jour. Les gens qui y travaillaient savaient à quoi s’attendre quand elle arrivait. Pour une raison quelconque, ils étaient gentils avec elle. Probablement parce qu’elle connaissait leur famille et qu’elle les avait vus quand ils étaient enfants. Et elle restait des heures à regarder des films, assise sur des sièges bon marché. Quand ça arrivait, elle mangeait constamment au bord de la falaise. Là où il y avait une vue merveilleuse sur l’océan et le soleil rougeâtre qui se couchait, du feu dans le ciel. Une brise rafraîchissante dans la chaude soirée. Après ces jours-là, elle retournait toujours dans la forêt en suivant les petites routes sur son vélo. Elle a toujours possédé cette maison, aussi longtemps que les gens s’en souviennent. Maison en bois, chalet entre les arbres. Quand elle ne marchait pas dehors pieds nus ou avec son cheval, elle lisait à l’intérieur. Tout ce qu’elle lisait, elle l’aimait. Elle possédait une vaste bibliothèque; on pouvait la distinguer de sa baie vitrée, avec des livres qui semblaient venir d’un autre millénaire. Elle cuisinait et mangeait à l’extérieur avec le vent vif et le soleil chaud. Une photo surréaliste comme dans un film. Assise sur une chaise longue, le plat sur ses genoux, la fourchette et le couteau dans ses mains. Et elle mangeait toute seule, comme la plupart des jours, profitant de la nature autour d’elle.

Mais même alors, dans ce tableau en apparence idyllique, elle était marginalisée. Dans le passé, elle a essayé plus de contact humain, la raison ? Un homme est entré dans sa vie. Mais cela n’a pas duré longtemps. Après des mois à se voir, c’est elle qui a été blâmée. Était-ce justifié ? Non. Parce qu’il l’a trompée. Il l’a piégée pour qu’elle s’éprenne de lui, il paraissait parfait alors qu’il était méprisable à l’intérieur. Le pari était d’aller dans son lit et de la jeter. Comme on le fait pour les ordures. Et elle a pleuré. Quand ce n’était pas à travers la vitre du salon, c’était son ombre dans sa chambre. Pleurer, se maudire d’être tombée inévitablement dans cette mascarade bon marché. Juste pour leur donner raison. Juste pour qu’ils aient une raison d’employer ces mots cruels contre elle. Quand elle descendait la rue, dans un magasin, où qu’elle soit. Le pire, c’est de voir des parents raconter ces choses à leurs enfants. Certains n’écoutaient pas et allaient vers elle pour lui donner une fleur ou un baiser sur la joue. C’était exaspérant pour leurs parents, mais la gentillesse d’êtres aussi innocents l’obligeait à sourire. Parce que personne ne naît en haïssant les gens. Il faut apprendre à haïr, à manquer de respect, à être étroit d’esprit. Et chaque fois elle sentait son cœur se briser en millions de morceaux quand elle voyait le cœur de ces enfants écrasé, tout comme ils essayaient de le faire avec le sien. Elle avait peu d’amour, d’affection ou d’amis. Elle avait soif de chaleur humaine, même si elle savait qu’il était peu probable qu’elle en ait, mais ces enfants étaient comme un baume sur son cœur.

Par conséquent, les gens ont commencé à se demander, à chuchoter ; comment peut-elle tenir le coup ? Comment avec tout ce qui est dit et ce qui lui arrive, elle peut toujours marcher dans les rues en souriant ? La réponse, bien que difficile à trouver pour les gens qui la détestent, était en fait ridiculement facile à trouver quand vous la regardiez faire. Mais les gens étaient si égocentriques et ne pensaient pas en dehors du moule. On pouvait voir la réponse dans son toucher, dans ses yeux, dans ses manières, dans sa façon de penser. Elle était si différente d’eux et combien c’était dur. Mais elle gardait la tête haute, ses valeurs en tête, son cœur sur la main. Aidant quand elle le pouvait, ne comprenant pas les gens pour la plupart, mais c’était bien, ils ne la comprenaient pas non plus. Ou peut-être qu’elle les comprenait. La peur peut vous rendre fou, certaines personnes ne peuvent pas gérer l’inconnu. C’est probablement pour cela qu’elle les a compris et leur a pardonné. Elle n’oublierait jamais les insultes, la haine, les mauvais traitements, les tours qu’elle a subis, mais, malgré tout, elle leur a pardonné. Ils l’ont laissée brisée plus d’une fois, mais elle se remettait toujours sur pied, défendant sa position. Personne ne peut imaginer sa vie avant qu’elle ne se produise, personne ne sait ce qui va se passer le lendemain. Et ça, c’est la vie. Et pour cela, la vie est qualifiée d’injuste, de dure, de ne pas en valoir la peine. Mais c’est là que tout se passe. La beauté de la chose. Peu importe combien de fois, des gens l’ont maltraitée, lui ont révélé leurs pires, l’ont blessée. Elle avait une raison d’être optimiste. La première chose, c’est qu’elle était vivante, respirant, en bonne santé. Tant de gens n’ont pas survécu, bébés, enfants, adolescents, adultes, aînés. Elle avait de la chance. Et elle en était reconnaissante. Chaque respiration était une célébration de la vie. Elle avait souvent voyagé pour célébrer les différences des gens. Elle avait visité plus de pays qu’elle n’avait de doigts. Elle a appris leurs coutumes, leur mode de vie. Mais personne n’en parlait. Elle n’était pas non plus la meilleure étudiante dans sa jeunesse, mais elle avait obtenu son diplôme. Elle avait trouvé un emploi dans une bibliothèque. Les livres après les animaux pourraient facilement être appelés ses meilleurs amis. Et la peinture. Ô la peinture. Elle avait coutume de faire ça pour ses amis, sa famille, ses voisins. Mais cela appartenait au passé.

Je sais que vous vous demandez peut-être où sont ses défauts. Est-ce qu’elle en a ? Vous semblez la louer, êtes-vous amoureux ? Vous ne comprenez pas bien, n’est-ce pas ? C’est triste mais attendu. Donc, ses défauts. Naturellement, elle en avait ; elle était beaucoup trop curieuse pour son propre bien. Elle avait été sévèrement punie pour cela. Si vous consultiez les anciens rapports de police, vous trouveriez de nombreux dossiers remplis à l’encontre de son père. Soit rempli par des amis ou de la famille. Ils ne pouvaient tout simplement pas tolérer que cela se produise plus longtemps, ni pour elle ni pour sa mère. Mais à chaque fois, c’était inutile car sa mère ne voulait pas que son mari soit pénalisé en mettant sa vie et celle de sa fille en jeu. Maintenant, elle s’auto-condamnait aussi, elle s’était déjà mutilée et était dans le déni absolu. Mais au fil des années, la situation s’est améliorée, alors que sa curiosité avait pris un coup dur. Ses professeurs savaient, même si elle n’en parlait pas. Ils la gardaient pour le déjeuner et après l’école avant de la renvoyer chez ses bourreaux, sans pouvoir rien faire. Chaque fois qu’elle passait sa porte d’entrée aussi silencieusement que possible, elle se dirigeait vers sa chambre, posait lentement son sac sur le sol et enlevait ses chaussures. Très souvent, elle choisissait un livre et commençait à le lire au lieu de faire ses devoirs. Vous vous demandez peut-être comment je peux savoir de telles choses. Je pensais que vous auriez compris entre-temps. Mais tout va bien, on y arrive. Vous vouliez savoir comment elle pouvait tenir le coup après tout ce qui lui est arrivé.

Reconnaissez-vous cette fille à ses côtés ? Oui, cette fille assise avec elle au théâtre, en train de lui tenir la main dans les rues, de manger sur une chaise longue avec elle, de monter à cheval avec elle. Partageant sourires, rires, touchers, souvenirs. Elle était sa raison de vivre, sa raison d’ignorer toute la haine qu’on lui lançait. Je vous entends déjà dire, “mais vous avez dit qu’elle n’avait personne à qui parler, qu’elle était marginalisée, sans contact humain. Qui est cette fille ?” Regardons en arrière une seconde, voulez-vous ? Vous vous rappelez cette relation qu’elle avait, qui a conduit à plus de haine ? Eh bien, la haine n’était pas la seule chose à sortir de tout ça. Une petite fille est née de cette union malsaine. Et tout était agréable pendant un moment, la vie était revenue à la normale. Et pendant des années, cela est resté ainsi. Mais il était revenu et les avait vus. Et a commencé à posé des questions sur elle et la fille à ses côtés. C’est pourquoi il est allé dans les bois pour en avoir le cœur net. La réponse était simple, et sa décision l’était tout autant. Elle s’était battue, mais quelles étaient ses chances quand tout le monde était contre elle ? Alors il l’a emmenée, pour des raisons égoïstes. Maintenant, je crois que vous comprenez pourquoi elle n’avait pas de compagnie.

Jusqu’à récemment, une adolescente était venue frapper à sa porte. Elle était en train de lire une de ses pièces préférées, Three Tall Women, quand elle a entendu une voix féminine venant de l’extérieur. Elle avait pensé à rester assise, à lire son livre quand la voix a prononcé son nom, son souffle a été coupé et ses yeux se sont écarquillés. Elle s’était précipitée vers la porte et l’avait déverrouillée énergiquement, pour trouver une adolescente de l’autre côté. Et elle se souviendrait toujours de ce jour comme le plus joyeux de sa vie. Parce que sa fille chérie était rentrée à la maison. Elle se souviendrait toujours de ce que c’était que d’entendre à nouveau sa voix douce et de la tenir dans ses bras, combien de temps s’était écoulé depuis la dernière fois qu’elles s’étaient vus. Des années pour être exact. Elle s’était enfuie. Il était marié et violent et elle s’est enfuie dans sa ville natale pour la retrouver, celle dont son père ne parlait jamais. Elle était arrivée en ville ce matin même et avait posé des questions sur une femme qui vivait seule dans les bois. Elle n’avait pas obtenu de réponse satisfaisante jusqu’à ce qu’elle ait atteint le théâtre. Un homme s’était approché d’elle; il a dû voir son désespoir, elle a essayé une dernière fois de lui demander s’il savait qui ou où était cette femme maudite par tous. Un mince sourire était apparu sur son visage radieux ; il prit un morceau de papier et un stylo et lui donna un bout de papier. Elle vit une véritable tentative de dessiner une carte quand elle leva les yeux, elle eut un sourire d’une oreille à l’autre oreille et elle étreignit l’homme et était prête à partir quand il prononça son prénom. Lui disant à quel point c’était bon de la retrouver en bonne santé. La façon dont elle vous avait chuchoté des remerciements était pleine de gratitude, avant de courir vers les bois, en suivant la carte. Elle avait couru pendant vingt minutes quand elle a atteint la porte. Elle n’a pas perdu de temps à regarder autour d’elle car elle aurait beaucoup de temps pour le faire, alors elle est allée frapper à la porte, ce qui a conduit à ce moment. Et quel grand moment.

Mais dans la vie, tout a une fin. Par un malheureux coup du sort, elle est tombée malade. Très malade. Elle n’allait plus en ville. Elle ne montait pas son cheval et ne mangeait plus dehors. Et cela intimidait sa fille, qui pensait qu’elles auraient plus de temps. Mais à cause des erreurs des gens, leur temps ensemble a été raccourci. Et c’était tragique, sans aucun doute. Mais que fallait-il faire ? Le passé devait être laissé dans le passé, et elles devaient penser à ce qui les attendait. Peu importe ce qui les attendait. Ce qui m’amène à ceci, car il ne me reste pas beaucoup de temps ici. Elle était ma fille, ma raison, comme pour beaucoup d’entre vous, de continuer à vivre. Et à cause de mensonges cruels et des démons des gens, nous avons perdue tant d’années. Je ne mentirai pas, mais elle a du ressentiment pour la plupart des gens dans cette ville. Moi ? Je ne m’en soucie plus vraiment, et même si je le faisais, à quoi cela servirait-il ? On ne peut pas changer le passé. Il faut accepter cela comme une partie de soi-même, faire face à ses propres démons pour que cela ne se reproduise plus. Parce que les gens n’ont pas encore réalisé que toutes les vies sont inextricablement liées et qu’une rumeur vicieuse qui a commencé sur un mensonge, peut impitoyablement détruire des vies, parfois au point où cela devient irrémédiable. Maintenant, je dois malheureusement partir, mais je vous laisse ma fille. Dans l’espoir qu’un jour, l’histoire qu’elle écrira ne sera pas semblable à la mienne. Et qu’un jour, les gens réaliseront que les choses qu’ils me reprochaient, c’était leur propre nature.

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Vous le voyez maintenant ?
Vous comprenez bien ?
Parce que je m’appelle Hannah.
Et vous m’avez enlevé ma mère.
Mais….

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Je vous pardonne.

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